
L’administration suédoise des transports a été chargée par le gouvernement de promouvoir de meilleures conditions pour le transport de marchandises par chemin de fer et par bateau. Une feuille de route pour le transfert de marchandises doit être élaborée et les connaissances sur le transport intermodal doivent être améliorées.
En septembre 2015, l’Assemblée générale des Nations Unies avait adopté l’Agenda 2030 et 17 objectifs mondiaux pour le développement durable. Les objectifs concernaient, entre autres, les systèmes de transport durables, l’industrie durable, les innovations et les infrastructures. L’ordre du jour et les objectifs doivent maintenant être mis en œuvre aux niveaux national, estime-t-on en Suède.
La Suède dispose ainsi d’une loi sur le climat et d’un objectif climatique transfrontalier visant à être climatiquement neutre avant 2045. Quel que soit la coalition en place, la Suède aura pour tâche de mettre en œuvre une politique visant à atteindre ces objectifs adopté par l’ONU. La politique climatique a dès lors changé de caractère, estime-t-on là-bas. D’un problème purement environnemental, le climat constitue dorénavant un élément central de la politique commerciale et d’exportation de la Suède. Les émissions industrielles devraient être réduites à près de zéro dans le pays. La feuille de route industrielle pour une Suède sans ressources fossiles montrent que la politique climatique ne consiste plus à se concentrer sur des mesures rentables à court terme, mais à développer un secteur d’entreprises suédoises innovantes et compétitives.
Les questions de transport de marchandises revêtent une grande importance ayant plusieurs objectifs politiques, peut-on lire dans un rapport. Le secteur du transport de marchandises emploie environ 75.000 personnes en Suède dans plus de 15.000 entreprises, ce qui représente plus de 166 milliards de couronnes suédoises par an. Le pays ne fait pas dans l’apartheid non plus. La stratégie de neutralité carbone concernera « tous les types de trafic, à savoir le trafic ferroviaire, le trafic routier, la navigation (y compris la navigation intérieure) et l’aviation, dans tout le pays, ainsi que [le trafic] transfrontalier. »
C’est dans ce cadre que le pays s’est doté d’une stratégie de transport de marchandises. Le transport de marchandises devrait augmenter de 50% d’ici 2030, et le futur ne signifie pas la fin de l’économie. On peut ainsi lire chez le ‘coordinateur national d’une Suède sans fossiles’ que « le rôle de l’État dans la lutte contre le changement climatique consiste principalement à réduire les risques financiers pour les entreprises, afin qu’elles osent investir dans des solutions intelligentes face au climat. » Ce qui confirme que ce pays à l’avant-garde, patrie d’une certaine Greta, on tourne fermement le dos aux délires de la décroissance.
Cette croissance du transport de marchandises se fera :
- par barges,
- par bateau,
- par rail, mais aussi…
- par camion électriques, ce qui élimine l’usage des combustibles fossiles.
Ce dernier point peut paraître surprenant mais il y a bien une politique en ce sens, ce qui démontre le côté innovant de ce pays excentré de l’Europe.
La Suède, dit le rapport, s’emploie à rendre le cadre réglementaire du réseau de transport transeuropéen (RTE-T) de l’UE plus axé sur la connectivité et les solutions climato-intelligentes. Un montant de 8 milliards de couronnes suédoises pour la période 2018-2029, ira à la recherche et à l’innovation pour tous les types de trafic. La compétitivité des secteurs ferroviaires et maritimes doit être accrue, avec notamment un soutien au transbordement entre la route et le rail et/ou le transport maritime côtier, la Suède étant une nation maritime importante pour ce qu’on appelle en maritime le « short sea ».
Récemment, des initiatives mises en avant pour un transfert de la route vers le rail ont été proposées par le gouvernement en place, mais le succès de sa mise en œuvre dépend de la responsabilité de tous les acteurs impliqués avec la poursuite du dialogue, de l’échange de connaissances et de la collaboration entre divers partenaires. L’augmentation de l’efficacité des transports présente un grand potentiel, notamment grâce à la coordination des transports pour accroître la capacité de remplissage, diminuer les transports à vide et rationaliser les itinéraires.
Dans la partie ferroviaire du plan stratégique, les terminaux intermodaux rail-route et la mise en oeuvre des convois de 750m tient une bonne place. Il est prévu à plus long terme des trains de fret de 1.000m. L’administration envisage aussi de porter la charge maximale à l’essieu admissible à 25 tonnes sur tout le réseau, et même à 32,5 tonnes sur la ligne de minerais Kiruna-Narvik.
On n’abandonne pas le secteur routier
Le gouvernement estime que chaque type de trafic devrait être utilisé au mieux et ne fait donc pas la chasse au secteur routier. Le rapport du ‘coordinateur national d’une Suède sans fossiles’ explique aussi que « l’électrification rapide des transports est une condition préalable importante pour atteindre l’objectif climatique. » Il parle ici des véhicules automobiles dont le parc électrique devrait s’agrandir. Cependant, « l’Agence suédoise de l’énergie doit mettre en œuvre une stratégie d’électrification du trafic automobile et dresser un inventaire des besoins de renforcement du réseau électrique pour faire face à cette électrification du secteur automobile. »
Les routes électriques offrent une solution pour réduire considérablement les émissions du transport routier. Le gouvernement suédois compte s’employer à faire en sorte que les routes électriques fassent partie du système de transport suédois et, partant, de l’exposition universelle permanente que le gouvernement a pour ambition de faire de ce système de transport. La prochaine étape consiste à réaliser un projet pilote dans lequel la route électrique est testée et évaluée sur une plus longue distance. Des projets de démonstration sont en cours le long de l’autoroute E16 en dehors de Sandviken près de l’aéroport d’Arlanda.
Dans un autre style, les suédois se sont lancés dans les ‘trains de camions’ dont un seul permet aux autres de suivre. Le gouvernement veut permettre des véhicules plus longs et plus lourds sur ses routes, en autorisant par exemple les méga-combi, ceux-là même qui créent une forte polémique dans le reste de l’Europe. Des camions lourds de 74 tonnes peuvent rationaliser le transport de fret à destination et en provenance des points de transbordement dans les ports et les terminaux ferroviaires. Les politiques tiennent en effet à préciser que si le réseau routier doit être adapté pour les véhicules plus longs et plus lourds, il faut que ce soit socialement justifié sur le plan économique et que la priorité soit donnée aux itinéraires reliant des ports ou des terminaux intermodaux.
On ne doute pas un seul instant que ce plan stratégique fera l’objet de débats politiques. Les milieux intéressés, notamment le secteur automobile, restent dubitatifs sur ‘l’électrification‘ du parc routier d’ici 2030-2035, que ce soit par batteries ou par caténaire de type ferroviaire.
Il n’en reste pas moins que la Suède montre l’exemple, élabore des plans et fait passer des lois. Elle protège sa nature mais aussi son économie, ce qui est un gage pour le futur des petits suédois. C’est toujours mieux que de constater l’inertie qui règne ailleurs, dans d’autres États membres que nous ne citerons pas pour ne choquer personne…