
Le Business Plan 2019-2023 du groupe ferroviaire public FS Italiane prévoit 58 milliards d’euros d’investissements: 42 milliards pour les infrastructures, 12 milliards pour de nouveaux trains et bus, 2 milliards pour le métro et 2 autres milliards pour d’autres technologies diverses. Soit pratiquement 14 à 15 milliards par an, ce qui correspond à une hausse annuelle de 11% si on compare aux 13 milliards investis en 2018. Et c’est plutôt bienvenu en cette période d’agitation à propos des défis climatiques. Après dix années consacrées à la grande vitesse, c’est le train de proximité qui va bénéficier des investissements prochains, en ce compris les infrastructures.
Une précision importante doit cependant être mentionnée derrière ces chiffres : le groupe FS Italiane est propriétaire de Anas, un groupe… autoroutier qui gère les routes d’intérêt national, soit plus de 30.000 km de routes et autoroutes nationales ainsi que 14.500 ponts et viaducs et 1.900 galeries routière ! Dans les 42 milliards du Business Plan 2019-2023, près de 14 milliards iront aux routes. Dans le même registre, le secteur des bus géré par le groupe empoche 12 milliards d’investissements.
L’inclusion du secteur routier national géré par Anas dans le périmètre ferroviaire doit être lu au travers de la possibilité pour Anas d’avoir recours aux marchés financiers et à la notation du groupe FS Italiane. Pour ses détracteurs, cela permettrait au Trésor d’utiliser l’outil chemins de fer pour permettre d’investir en fonds propres et de se tourner vers le marché. On reste curieux de voir ce que cela peut engendrer au niveau de la dette du pays, d’autant que le pôle infrastructure ferroviaire, géré par RFI, est redevenu une administration publique, ce qui pose des questions multiples …
Pour en revenir au ferroviaire stricto-sensu, rappelons que pour l’année 2018, le groupe FS Italiane avait réalisé des dépenses d’investissement de l’ordre de 5,871 milliards d’euros, dont 1,144 milliards d’euros d’autofinancement et 4,727 milliards d’euros financés par des subsides de l’État. Concernant les investissements dits «techniques», le Groupe avait géré en 2018 des volumes d’environ 7,5 milliards d’euros, dont 98% en Italie. Environ 84% de ces investissements ont concerné le segment d’exploitation Infrastructure, dans lequel les projets du réseau ferroviaire italien ont mobilisé près de 4,769 milliards d’euros, en toute grande majorité sur le réseau classique.
Au premier semestre 2019, Trenitalia enregistrait une forte croissance de son chiffre d’affaire en enregistrant une hausse de 2,2% de ses revenus d’exploitation, pour atteindre un total de 5,98 milliards d’euros. Qu’en est-il pour la suite ?
C’est ce que détaille la ministre des Transports : « Les ressources supplémentaires dont nous disposerons dans les années à venir seront importantes, sans compter les 15,4 milliards qui seront prochainement approuvés au Parlement avec l’acte complémentaire du Business Plan 2019-2023 susmentionné. Nous devons, d’une part, porter une attention maximale à la maintenance du réseau à grande vitesse, et d’autre part, continuer à investir dans le réseau ordinaire. Après des années de parenthèses dans lesquelles tous les efforts ont été concentrés sur la grande vitesse, il y a maintenant beaucoup d’attention au transport regional », explique la ministre Paola De Micheli à FSNews.it.
Le trafic régional est en effet la nouvelle ligne de conduit du groupe FS. Il faut dire que dans certaines régions et sur certaines lignes secondaires, le XIXème siècle est encore décliné au présent… « Les investissements dans les transports régionaux sont en cours depuis quelques années et s’accélèrent. Aujourd’hui, nous voyons concrètement les premiers résultats avec la livraison des nouveaux trains Rock et Pop et avec un design conçu pour les voyageurs », explique la ministre.

Pour rappel ces nouvelles rames s’inscrivent dans le cadre d’un plan de relance lancé par Trenitalia pour développer les transports régionaux. Les observateurs savent à quel point il était plus que temps de renouveler le segment régional et local en Italie, qui doit faire face à un gros déficit d’image et de qualité, en contraste total avec l’offre grande ligne et ses rutilantes rames à grande vitesse. Ce plan a prévu un investissement total d’environ 6 milliards d’euros pour 500 nouvelles rames régionales. Le Groupe lui-même a pour objectif est de transformer la mobilité collective en Italie, en améliorant considérablement le niveau de service aux personnes, avec un bond qualitatif et la personnalisation de l’offre . La croissance annuelle est estimée à 90 millions de voyageurs supplémentaires sur ce segment régional ce qui signifierait une économie de 600 millions de kilogrammes de CO2 et 400.000 voitures en moins sur les routes, d’après les calculs du groupe.
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Un autre objectif fondamental du Business Plan 2019-2023 du groupe FS Italiane est une forte augmentation des indices de ponctualité, auxquels 5,5 milliards d’ euros d’investissements sont consacrés . Les interventions, tant pour les infrastructures que pour le secteur des transports, visent à augmenter la ponctualité de cinq points de pourcentage dans les transports régionaux et de dix dans les transports marchands. . En 2018, le pourcentage d’annulations de trains régionaux serait descendu à 1,5%, et serait pris comme «référence européenne», selon le groupe, qui semble un peu oublier ses voisins suisses et autrichiens. C’est cependant un pourcentage plus bas par rapport aux principaux opérateurs européens de même envergure : SNCF 2%, et la Grande-Bretagne 3,9%.
Côté multimodal, une structure coordonnée et intégrée est prévue pour faciliter les connexions entre les trois types d’accès du pays : gares, ports et aéroports. Depuis décembre 2018, l’aéroport de Rome Fiumicino est reliée à d’autres villes italiennes avec 6 Frecciarossa par jour. En Lombardie, Milan Malpensa est également connecté à Vérone, Padoue, Venise, Bologne et Rome avec de nouvelles connexions Frecciarossa. La connexion avec d’autres aéroports tels Bologne, Catane, Gênes, Venise et les ports comme Civitavecchia (Rome) est également prévue. L’Italie rattrape ici un certain retard quand on compare à la France et à l’Allemagne, qui ont depuis longtemps connecté leurs aéroports à la grande vitesse.
Le groupe est aussi partie prenante, au travers de RFI, du projet de co-conception GreenHub, qui associe durabilité environnementale, efficacité énergétique et technologies innovantes pour faire des gares un espace unique caractérisé par l’utilisation de matériaux recyclés et recyclables. GreenHub est un projet pilote visant à faire des gares du futur un espace vert unique dans lequel des technologies innovantes étudiées par des startups italiennes et internationales coexisteront à la fois à l’intérieur et à l’extérieur dans le design des bâtiments.
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très bien les photos de l’article, qui montrent aussi la vie du rail diversifiée en Italie : sur la deuxième photo à la droite on voit un train de Trenitalia en couleurs de la région du Trentino, à la gauche un FLIRT du SAD (Südtiroler Autobusdienst / Sociéta automobilistica Dolomiti), l’entreprise des transports de la région Südtirol/Alto Adige. Au début seulement une entreprise des transports routières, elle gère depuis 1991 aussi des lignes ferroviaires dans la région.
Sur la photo de Casteldelbole il y’a un train de la FER (Ferrovie Emilia Romagna). Cette compagnie est à 100% dans la propriété de la région Emilia Romagna et circule, comme ici, sur les voies de RFI, mais possède aussi son propre réseau d’à peu près 360km des lignes secondaires.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ferrovie_dell%27Emilia_Romagna
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La question se pose, d’ou ça vient, l’appétit pour les trains régionaux, un secteur complètement négligé et peu aimé par Trenitalia (et avant FS)?
A mon avis un événement très important pour Trenitalia était la fusion de la direction régionale de TI à Milan avec la partie opérationnel de FNM (Ferrovie Nord Milano), donc, la fondation de la filiale commun Trenord. Cette fusion était une demande du propriétaire de FNM, la région Lombardie, pour améliorer la qualité des transports ferroviaires dans la région et notamment sur les lignes RER de Milan.
Le contact commercial avec FNM, spécialiste en gestion et opération des lignes régionaux, provoquait certainement un flux de savoir faire vers RFI et TI. Et si on est capable de faire quelque chose, ça stimule l’envie de le faire, notamment si on peut gagner de l’argent avec.
Nota : cette fusion améliorait aussi la relation entre les ÖBB et TI, quand FNM (et après Trenord) était l’opérateur des trains ÖBB en Italie. Au jour d’hui TI est opérateur des nightjets en Italie, quand Trenord restait opérateur des trains de jour, veut dire des EC Munich – Vérone et les rj Vienne – Venise.
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Et il ne faut pas oublier deux autres activités de TI :
Trenitalia est le plus grand opérateur des trains de nuit (Intercity notte, ICN) en Europe. Au contraire aux autres, TI n’a jamais pensé de abandonner ses trains de nuit, au contraire, TI les exploite en open accès et finançait une première modernisation du matériel roulant. Leurs trains sont bien confortable, seule chose qui me manque est un service du qualité comme dans les nightjet. Les routes en Italie sont longues et les trains partent des fois relativement tôt et arrivent assez tard. Notamment dans une relation comme Milan – Palerme/Syracuse, qui dure quand même de 20.00 à 15.00 du lendemain une restauration au bord me semble absolument nécessaire. Mais on ne vende même pas des boissons.
Deuxième activité ne pas à négliger sont les intercity (du jour), TI investit pas mal pour moderniser les rames et pour augmenter le confort. Pour simplifier l’exploitation les nouveaux trains seront équipés avec des voitures pilotes et pour le confort, enfin, il y’a un retour systématique de la 1ere classe et du service gastronomique aux trains de cette catégorie.
Les deux activités sont de l’open acces et, de ma connaissance, justement (pas) rentable, donc TI ne perde pas l’espoir de les conduire vers un succès économique.
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