La Chine se lance dans le train à grande vitesse sans conducteur en préparation des Jeux olympiques de 2022. Elle met au point sa propre technologie.
La Chine vient de franchir une nouvelle étape dans ses vastes plans d’expansion de train à grande vitesse. Alors que le compte à rebours des Jeux olympiques d’hiver de Pékin de 2022 se poursuit, la nouvelle ligne à grande vitesse de 175 kilomètres qui relie la capitale chinoise à la ville olympique de Zhangjiakou vient d’entrer en service, réduisant le temps de trajet à 47 minutes au lieu des trois heures habituelles.
Cette nouvelle ligne à grande vitesse fait partie des infrastructures liées aux Jeux olympiques d’hiver. Trois villes ont été retenues : Pékin, Zhangjiakou et Yanqing, pour le déroulement des 109 épreuves de la compétition. Commencé en 2016, il aura fallu moins de quatre ans pour terminer cette ligne nouvelle. « La ligne ferroviaire Beijing-Zhangjiakou est la version ferroviaire à grande vitesse 2.0 de la Chine, intégrant les technologies ferroviaires intelligentes », a déclaré au Global Times Lv Gang, ingénieur en chef du projet, indiquant que le lancement du service représentait également l’avenir du développement du train à grande vitesse.
Une partie des TGV en circulation n’auraient… pas de conducteurs. Une recherche rapide sur le site officiel des chemins de fer 12306 China Railway montre en effet qu’il y a actuellement environ 30 trains à grande vitesse circulant quotidiennement entre Pékin et Zhangjiakou, mais seulement six d’entre eux sont desservis par un nouveau « train intelligent ». Le train, nouveau produit de la série chinoise Fuxing, est exploité comme étant le premier chemin de fer à grande vitesse intelligent au monde. De quoi s’agit-il ?
D’abord, ce TGV « intelligent » conçu pour une vitesse maximale de 350km/h, dispose toujours à bord d’un conducteur, au cas où, mais il ne conduit pas ! Ensuite, les chinois utilisent la technologie 5G pour l’exploitation du système, celle-là même qui suscite encore des polémiques et un tas de principes de précaution en Europe. L’automatisation des systèmes à bord utilise le service satellitaire de géolocalisation et de navigation BeiDou (BDS) développé par la Chine. Le système de conduite autonome permet au train de démarrer et de circuler automatiquement entre les gares, en ajustant son horaire en fonction de l’horaire tout en s’arrêtant avec précision à quai. 2.718 capteurs permettent de détecter toutes les anomalies. Les contraintes propres à chaque gare – il y en a 10 sur le parcours -, sont intégrées, comme la fermeture automatique des portes et l’architecture technique de chaque gare.
À bord, outre un éclairage intelligent, les passagers peuvent recharger leurs téléphones via des chargeurs sans fil et chaque siège possède sa propre tablette tactile. En gare, des robots et des technologies de reconnaissance faciale aident les voyageurs à se rendre là où ils doivent aller, avec leurs bagages et leurs enregistrements électroniques. Durant les jeux olympiques, ces trains seront spécialement aménagés pour les athlètes, qui disposeront de l’espace nécessaire pour tous leurs équipements. Les technologies 4G et 5G permettront de leur côté aux fournisseurs d’affiner la technologie 5G pour l’avenir, qu’il soit ferroviaire ou non.
La ligne est également la première en Chine à adopter une approche BIM (Building Information Modeling) sur l’ensemble du cycle de vie pour toutes les disciplines techniques impliquées dans le projet, marquant une étape importante dans les méthodes de construction ferroviaire en Chine et dévoilant une nouvelle pratique de construction ferroviaire intelligente. « La ligne de chemin de fer présente des technologies ferroviaires intelligentes telles que la conduite autonome, les services compatibles 5G, le Wi-Fi à bord et les services de billets électroniques, donnant l’exemple au développement futur du chemin de fer chinois et cela pourrait être des caractéristiques clés pour vendre notre grande vitesse ferroviaire », explique Luo Duhao, ingénieur en chef de la LGV vitesse Pékin-Zhangjiakou.
« Les lignes à grande vitesse de la Chine sont d’une efficacité redoutable. Une fois réservé, une simple carte d’identité ou un passeport valide aux portes d’entrée et c’est tout ce dont vous avez besoin pour voyager », explique l’anglais Mark Smith, de Seat61.
Aujourd’hui, la Chine abrite le plus grand réseau ferroviaire à grande vitesse du monde, qui s’étend sur environ 35 000 kilomètres, ainsi que le train commercial le plus rapide – le maglev de Shanghai.
>>> Voir notre article : Et si on parlait du train à sustentation magnétique ?
Prouesse ou propagande ? Élément clé de la géopolitique chinoise ? Probablement, mais à chacun de jauger. Une certitude : l’Asie avance et ne s’embarrasse pas des atermoiements propres à l’Europe. Il sera intéressant ici de suivre ce dossier du train autonome chinois ainsi que la technologie 5G de BeiDou. Au fond, les chinois mettent eux même au point leur propre monde : la couverture satellitaire, la 5G, la robotisation et la grande vitesse, classique ou de type Maglev. Il est grand temps pour l’Europe de se réveiller…