Intermodal : l’importance croissante du gabarit P400


26/04/2021 – Par Frédéric de Kemmeter – Signalisation ferroviaire et rédacteur freelance
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Les trains intermodaux ont représenté la moitié du trafic ferroviaire de marchandises de l’UE en 2019, seule « vraie » année de référence. Cela signifie qu’une attention particulière doit être accordée à ce mode de transport, qui combine le rail pour la majeure partie du trajet et le camion pour les trajets terminaux avant et après le transport. Plutôt que d’éparpiller l’argent dans toute l’Union européenne, l’accent a été mis sur un réseau dédié où des investissements majeurs sont réalisés en matière de capacité, de modernisation et de signalisation. Ce réseau transeuropéen de transport (RTE-T) a été formalisé par 9 corridors à travers l’Europe. Le règlement RTE-T est l’instrument juridique par lequel les États membres de l’UE conviennent des paramètres techniques du réseau ferroviaire et reçoivent des fonds de l’UE.

Parmi les paramètres techniques importants, le fameux gabarit P400 est une demande criante des opérateurs intermodaux. La référence P400 est la norme de mesure utilisée pour les semi-remorques chargées sur un wagon-poche. Cette nomenclature indique que la hauteur maximale à laquelle une semi-remorque peut être transportée par rail est limitée à 4 mètres. Cette limite est fixée de la base du wagon au sommet de la semi-remorque, la suspension étant sans air pour respecter cette hauteur.

Les origines du P400 : une demande routière

Cette hauteur de 4m est évidemment une demande de l’industrie routière qui veut utiliser au maximum les cotes officielles des routes et autoroutes européennes, qui fixent la hauteur des camions à 4m. Le Megatrailer, par exemple, est un type de semi-remorque développé dans les années 1990 par Ewals Cargo Care en coopération et en consultation avec l’industrie automobile européenne.  L’objectif était de développer une remorque capable de transporter 100 mètres cubes de marchandises. Cela représentait une augmentation d’environ 25% par rapport aux remorques conventionnelles de l’époque.  Ces semi-remorques permettent de charger 33 europalettes avec une hauteur libre à bord de 2,70m.

Si cette hauteur peut correspondre à une demande particulière, il n’en est pas de même pour tous les transports, comme le montre la photo ci-dessous. De nombreuses palettes ont rarement besoin de toute la hauteur disponible, du fait du poids des sacs et de la résistance des emballages. Il est donc courant d’avoir des camions qui transportent entre 10 et 30% d’espace libre, parfois bien plus ! On peut alors se demander pourquoi il fallait impérativement à ce que tous les camions fassent 4m de haut. Malheureusement, ces dimensions sont devenues des arguments de vente et de promotion : plus il y a des m³, plus le transport est écologique. Comme souvent, le chemin de fer n’a pas d’autre choix que de s’adapter s’il veut prendre des parts de marché dans le transport intermodal. Une adaptation très lourde…

Pas toujours remplis jusqu’au plafond, nos camions… (photo Ewals Cargo Care via wikipedia)

Or ce gabarit Megatrailer demande, dans certains pays, des travaux importants de mise à niveau de la voie et des passages sous ponts et tunnels. C’est ici que l’appartenance de telle ou telle ligne au réseau RTE-T est d’une importance capitale, car l’Europe peut aider. Le gabarit P400 est en revanche impossible dans certains pays comme par exemple la Grande-Bretagne, du fait de son réseau ferré qui dispose d’un gabarit historiquement plus restrictif. Ce pays, qui est aussi tourné vers le transport maritime à courte distance, préfère alors utiliser les caisses mobiles, qui est une unité semblable au conteneur mais adaptée aux cotes plus larges du transport routier.

Le gabarit P400 oblige à effectuer de nombreuses adaptations, parfois coûteuses. C’est là qu’on trouve tout l’intérêt d’inscrire une ligne ferroviaire nationale dans un corridor européen, car l’Europe peut intervenir selon certains mécanismes. Cependant, outre qu’il y a des choix à faire, il existe de nombreuses lignes reliant par exemple des zones industrielles ou portuaires qui sont en dehors des RTE-T, et ne bénéficient pas des fonds européens. C’est pour cela que des organismes comme l’UIRR ou RNE demandent que l’on considère le gabarit P400 de bout en bout, pas seulement sur les lignes principales d’un pays.

Hupac, l’un des plus grands opérateurs d’Europe, a présenté quelques chiffres sur le réseau P400 et son expansion en Suisse et en Europe centrale et du Nord, qui est son objectif actuel. La Suisse dispose aujourd’hui de 2 corridors – Lötschberg/Simplon et Gothard/Ceneri -, avec leurs tunnels adaptés qui permettent un gabarit de chargement P400. Selon Hupac, cela pourrait générer un transfert de plus de 80 % du trafic routier vers le rail. De même, l’ouverture du tunnel de base du Ceneri peut avoir un impact sur le transfert modal dans le corridor entre Rotterdam et Gênes.

Les tunnels suisses adaptés d’emblée pour le P400 (photo Kecko via license flickr)

Arcese et TX Logistik, par exemple, ont lancé un nouveau service de fret intermodal entre l’Interporto de Bologne (Italie) et le terminal nord TKN de Cologne (Allemagne). Ce service est ouvert aux semi-remorques P400, grâce aux corridors suisses et à l’ouverture du nouveau tunnel de base du Ceneri l’année dernière. Les ports et les centres logistiques italiens sont les premiers à bénéficier de ces améliorations, d’autant que le gabarit P400 est désormais disponible sur certains itinéraires italiens, notamment jusqu’à Bari, dans le sud du pays, permettant des liaisons vers la Grèce et la Turquie.

Dans le traité de Lugano de 1996, la Suisse et l’Allemagne avaient convenu de moderniser leurs chemins de fer. Les Suisses ont tenu parole avec deux corridors et les Pays-Bas ont également une ligne de fret dédiée de Rotterdam à la frontière allemande. Malheureusement, il semblerait que les mises à jour du réseau ferroviaire allemand se fassent attendre. Vu des Pays-Bas et de la Suisse, le potentiel de la route Rotterdam-Gênes ne pourra pas être pleinement exploité tant que les Allemands n’auront pas suivis pas le mouvement. Selon les informations de la Deutsche Bahn, la dernière étape du Rheintalbahn ne serait prête qu’en 2035. Presque 40 ans après le traité de Lugano. Heureusement, le gabarit de chargement P400 est déjà disponible.

(photo press Hupac)

La France promotionne de son côté un système hybride et plus onéreux d’autoroutes ferroviaires conçue par l’industrie nationale, le système Lohr-Industrie, qui impose des terminaux très particuliers où les remorques ne sont pas grutées mais embarquées latéralement. De nombreux acteurs du transport combiné ne souhaitent cependant pas en faire un usage exclusif et veulent conserver la technique traditionnelle du wagon poche et des semi-remorques grutées, jugée moins chère et plus facile à implanter.

Les circulations P400 « classiques » en France sont encore soumises à une Autorisation de Transport Exceptionnel (ATE), ce qui signifie que le trafic ne peut pas être garanti sur la durée, ce qui est néfaste pour la planification et le développement du transport intermodal. Ainsi, ECR a pu faire circuler des trains P400 entre la frontière espagnole et Saarbrucken au prix d’une lourde gestion de demandes d’ATE pour chaque train, soit environ 1000 demandes par an rien que sur le corridor Méditerranée. CFL Cargo doit également demander des ATE entre Bettembourg et Lyon Port Édouard Herriot. Elles ne sont valables que 6 mois. Ceci dit, la prise de conscience en France est réelle et les choses évoluent.

Beaucoup d’opérateurs veulent la solution technique classique du wagon-poche et semi-remorque préhensible par pince (photo Leci trailers)

Cette demande de gabarit P400 coïncide aussi avec une demande pour des trains plus longs, de 750m voire 1000m, qui poserait quelques problèmes avec les voies d’évitements et certaines gares, pas conçues pour de telles longueurs. L’objectif est d’avoir des trains intermodaux de 2.000 tonnes et d’accroître le transfert modal avec les Megatrailers. Tout ceci démontre une fois encore la grande importance de la qualité des infrastructures ferroviaires. Cela coûte cher, mais une fois adaptée, une ligne ferroviaire est ainsi valable pour les 30 prochaines années au moins. Il faut donc, pour se faire une idée, diviser le prix des travaux par 30. Cela donne une autre perspective…

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Comment quatre acteurs créent un flux intermodal


21/12/2020 – Par Frédéric de Kemmeter – Signalisation ferroviaire et rédacteur freelance
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Intermodal_Mediarail(photo Stena Line)

Stena Line, LKW Walter, le port de Rostock et CFL Multimodal ont conclu un accord de partenariat pour élargir leur offre de services respective. Cette nouvelle connexion intermodale fonctionnera en 3 allers-retours par semaine, transportant des semi-remorques ainsi que des conteneurs. L’occasion de présenter ces quatre acteurs au business différent, mais qui ont des points communs et ont tous un intérêt à s’unir.

Lors de la libéralisation du marché ferroviaire en 2007 au Luxembourg, le Groupe CFL a créé, pour ce qui concerne le fret ferroviaire, la société CFL cargo. La société CFL multimodal, une filiale de CFL Cargo, propose des services de transport combiné rail-route longue distance et offre une gamme de services diversifiée : solutions de transport routier, maritime et aérien, entreposage, dédouanement, ainsi que toutes les autres prestations de la chaîne logistique. Le groupe utilise au Grand Duché le centre intermodal de Bettembourg-Dudelange, situé sur le Rail Freight Corridor 2 (Mer du Nord-Méditerranée) et au carrefour de la Lorraine, du Luxembourg belge et de la Sarre. Ce terminal d’une capacité annuelle de 600.000 unités intermodales (semi-remorques ou conteneurs) est relié par trains intermodaux réguliers aux principaux ports et régions industrielles d’Europe. En août dernier, CFL Intermodal, une autre filiale opérationnelle cette fois, élargissait encore sa flotte avec une commande de 50 wagons-poche T3000e de type Sdggmrss chez le slovaque Tatravagónka, pour augmenter ses capacités en transport de semi-remorques. Ces wagons sont équipés de capteurs qui fournissent des données de localisation GPS en temps réel. Le Track & trace de la solution intégrée de CFL intermodal, baptisée Mirabelle, est donc disponible sur les portails des clients et des fournisseurs. CFL Intermodal est le véritable opérateur des solutions ferroviaires, quand CFL Multimodal est plutôt une société de services logistiques. L’une et l’autre travaillent évidemment main dans la main.

CFL_Cargo_Mediarail(photo CFL Cargo)

Le « petit luxembourgeois » a ainsi réussit à se hisser au rang des grands du monde ferroviaire grâce précisément à la libéralisation, sans laquelle nous n’en aurions jamais entendu parlé. Le trafic enregistré à Bettembourg était encore de 208.660 UTI pour l’année 2019, ce qui indique qu’il reste un beau potentiel pour l’avenir. Maintenir la place de Luxembourg au milieu des grands flux européens est la stratégie même de CFL Multimodal et de son terminal.

CFL_Multimodal_Mediarail

Le port de Rostock fêtait en 2020 ses 60 ans de façon particulière. Créé en 1957 et ouvert en avril 1960, il a vécu 30 ans dans l’ancienne RDA et… 30 ans dans l’actuelle Allemagne réunifiée. Avec la réunification allemande, un repositionnement du port était nécessaire et le trafic de ferry a été étendu dans toute la Baltique. Le trafic roll-on / roll-off a alors gagné en importance, notamment pour le transport des produits forestiers en provenance de Scandinavie, ce qui justifie de nos jours Rostock comme destination importante pour les trains intermodaux.

Green_Deal_Mediarail(photo Rostock Hafen)

Green_Deal_Mediarail(photo Rostock Hafen)

En 2019, le seul secteur des ferry engloutissait un trafic de 16,2 millions de tonnes sur les 25,68 au total. Le Rostock Trimodal Terminal est une joint-venture entre Euroports, Kombiverkehr Deutsche Gesellschaft für kombinierten Güterverkehr mbH et Hafen- Entwicklungsgesellschaft Rostock mbH. Il exploite plus de 40 liaisons directes entrantes et sortantes par semaine avec des horaires de trains et de navires fixes. C’est ce terminal qui est maintenant relié à Bettembourg.

Voilà pour les terminaux, qui ont bénéficié de tas de subsides de la part des institutions politiques, municipales, nationales et européennes. Cela montre toute l’importance de l’État stratège : aider à la conception des infrastructures et laisser les gens de métiers construire eux-mêmes les trafics. La preuve par l’exemple : outre le secteur ferroviaire représenté ici par CFL Multimodal, nous retrouvons deux autres acteurs qui pouvaient à priori ne pas se sentir concernés. Et pourtant…

IntermodalLKW Walter est aussi présent dans un autre port allemand : Kiel (photo Kiel Hafen)

LKW Walter est un transporteur routier qui naquit déjà en 1924, et qui opère ses transport par camions complets dans toute l’Europe et ainsi que vers la Russie, l’Asie centrale, le Moyen-Orient et même l’Afrique du Nord. Elle fait partie des 50 premières entreprises autrichiennes. Son principal business concerne le transport de marchandises emballées non dangereuses – principalement des biens de consommation, du bois et du papier, des produits chimiques, des métaux, de l’automobile et de l’électronique. Les transports sont effectués en partie à l’aide du transport combiné rail/route et short sea Shipping. LKW Walter est en réalité un des plus gros utilisateurs du transport combiné et ses remorques sont présentes sur un grand nombre de trains intermodaux dans toute l’Europe. En 2020, LKW Walter a traité plus de 446.000 transports intermodaux, économisant ainsi plus de 382.000 tonnes de CO2.

Stena Line est l’une des principales compagnies de ferry de Scandinvie et d’Europe avec 36 navires et 18 liaisons exploitées en Europe du Nord. Stena Line est un élément crucial du réseau logistique maritime nord-européen et qu’elle développe en combinant le transport ferroviaire, routier et maritime. Fondée en 1962 et basée à Göteborg, cette entreprise « familiale » fait partie du groupe Stena AB qui compte à ce jour environ 16.000 employés et un chiffre d’affaires annuel d’environ 37 milliards de SEK (3,67 milliards d’euros). Ce qui, on en conviendra, nous éloigne de l’aimable PME… A priori on pourrait croire que Stena Line se contente de déposer les semi-remorques à terre, mais l’entreprise a vite perçu les avantages de la massification du train. « Nous avons constaté une forte demande chez nos clients pour un service intermodal régulier entre le sud de l’Europe occidentale, y compris la France et l’Espagne, et la Scandinavie. Nous voyons un grand potentiel de développement dans les deux sens avec des produits tels que le bois, le papier et l’acier venant du nord et les aliments frais, les fruits et légumes et les produits de consommation venant du sud », explique Fredrik Johansson, Shipping Logistics Sales & Business Development Manager chez Stena Line Group. Stena Line est présent au Danemark ainsi qu’entre la France et le Benelux avec la Grande-Bretagne et l’Irlande.

Stena_Line_map_Mediarail(photo Stena Line)

Stena_Line_ship_Mediarail(photo Stena Line)

Ce sont donc ces quatre acteurs qui mettent leur spécialisation en commun pour créer un nouveau flux intermodal. On réussit ainsi à connecter toute la région Moselle/Ardennes/Luxembourg/Sarre que l’on sentait jadis un peu à l’écart des grands flux nord-sud. On crée un hub dans un miniscule pays qui n’était pas appelé à cela. C’est ce qu’on appelle une stratégie à long terme. Une stratégie payante : «le lancement de cette nouvelle connexion intermodale est une autre étape importante dans l’expansion de notre réseau, reliant le terminal intermodal de Bettembourg-Dudelange aux principaux ports et pôles économiques d’Europe. CFL multimodal s’engage à proposer au marché des solutions de transport durable pour les remorques et conteneurs avec ou sans grue et à accompagner ses clients dans leurs projets de transfert modal », déclare Alain Krecké, directeur commercial de CFL multimodal.

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La semaine de Rail Europe News – Newsletter 008

Du 28 octobre au 03 novembre 2020

Classé par thèmes, ce qu’il faut retenir de l’actualité ferroviaire.

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Politique des transports

Concurrence – La Commission européenne tance l’opérateur tchèque České dráhy – La Commission européenne a informé l’opérateur ferroviaire public tchèque České dráhy (ČD) de son avis préliminaire selon lequel celui-ci aurait enfreint les règles de concurrence de l’UE en appliquant des prix inférieurs aux coûts. À la suite d’une plainte, la Commission avait mené des inspections dans les locaux de ČD en avril 2016. Alors que la concurrence s’était accrue sur la liaison principale Prague-Ostrava, l’enquête de la Commission montrerait que ČD a réagi en proposant ses services à des prix qui ne couvraient pas ses coûts dès l’arrivée des deux concurrents, Regiojet et Leo-Express. Les parties peuvent maintenant examiner les documents versés au dossier de la Commission, répondre par écrit et demander à être entendues.
>>> Commission européenne – Pratiques anticoncurrentielles: la Commission adresse une communication des griefs à České dráhy pour pratiques présumées de prix prédateurs

Espagne – Proposition d’augmentation de 36% des investissements pour le réseau ferré national pour 2021 – Pour le budget 2021, environ 11 milliards d’euros sont prévus pour tous les types de transports. Dans cette enveloppe, près de 5 milliards seraient dévolus au seul secteur ferroviaire, ce qui engendrerait une augmentation du budget fer de 36%. L’augmentation serait principalement orientée vers une augmentation des dépenses sur le réseau conventionnel, et en particulier sur les services suburbains de Cercanías. Parmi les propositions soutenues par le ministère, citons Cercanías 24 , une initiative visant à transformer les services ferroviaires de banlieue en «épine dorsale» des transports publics urbains grâce à la création de pôles multimodaux. Ce secteur recevrait 1,5 milliard d’euros en 2021, soit 160% de plus qu’en 2020. «Depuis 2006, aucun train de banlieue n’a été acheté en Espagne. Renfe attribuera bientôt le plus gros contrat pour cercanías dans l’histoire: 211 trains de grande capacité qui seront utilisés pour le service dans les grands centres périurbains » a expliqué Isaías Táboas, le CEO de la Renfe.
>>> Railway Gazette – Suburban investment increased in 2021 Spanish rail budget

Trafic grande ligne

Grand Central (train operating company) - Simple English Wikipedia, the  free encyclopedia

Grande-Bretagne – Hull Trains et Grand Central suspendent à nouveau leurs services – Le service ferroviaire reliant Sunderland à Teesside, Yorkshire et Londres doit à nouveau fermer temporairement en raison du lockdown national de quatre semaines décrété en Grande-Bretagne. Ces liaisons sont exploitées par des opérateurs en libre accès Hull Trains et Grand Central fonctionnant sur une base purement commerciale et n’ayant pas eu droit au soutien financier du gouvernement comme pour les exploitants franchisés. Ces opérateurs dépendent en effet entièrement des revenus de la billetterie, et toute mesure de restriction entrave immédiatement la bonne tenue du business model. La directrice générale de Grand Central Louise Cheeseman a déclaré que «la décision a été prise pour protéger l’avenir de l’entreprise. Il serait imprudent de notre part de faire circuler des trains quand on demande aux gens de rester chez eux.»
>>> Chroniclelive.co.uk – Rail service linking North East to Yorkshire and London is suspended due to lockdown

Trafic fret

Suis Ablaufberg

Europe – Shift2Rail appelle à une solution de suivi des trains de marchandises – Shift2Rail a lancé un concours pour développer une solution innovante permettant de suivre tous les trains de marchandises commerciaux en service de tous les opérateurs sur l’ensemble du réseau européen. La solution permettra le suivi des trains à travers l’Europe, y compris un accès sur mesure aux données de TAF, des opérateurs, des gestionnaires d’infrastructure, du système d’information ferroviaire (TIS) de Rail Net Europe (RNE), des terminaux, des autorités portuaires et des opérateurs de transport combiné, adaptable aux besoins des différents utilisateurs. Le gagnant sera annoncé en décembre 2021 et recevra 400.000€.
>>> International Railway Journal – Shift2Rail calls for freight train tracking solution

Groupement national des Transports Combinés - GNTC | LinkedIn

France/Intermodal – Partenariat GNTC-Ademe : « mettre en visibilité le transport combiné » – Le Groupement national des transports combinés (GNTC) et l’Ademe ont signé un partenariat fin septembre 2020 pour trois ans. Une démarche qui s’inscrit dans le contexte d’une volonté de report modal vers les modes alternatifs à la route. Ce partenariat vise à conduire quatre actions définies : création d’un Observatoire du transport combiné, mise en œuvre d’actions de sensibilisation, de communication et de promotion, lancement de nouvelles études autour du report modal, réflexion sur l’émergence d’innovations.
>>> NPI Magazine – Partenariat GNTC-Ademe : « mettre en visibilité le transport combiné »

France – Alpha Trains signe un contrat de location à long terme avec Aproport – Alpha Trains, le plus grand loueur de locomotives et de trains en Europe continentale, a signé un contrat à long terme avec Aproport, l’opérateur de plates-formes portuaires multimodales basé en Bourgogne. Géré par la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Saône-et-Loire, l’opérateur gère ses trafics sur les plates-formes portuaires multimodales de Mâcon et Chalon-sur-Saône et va bénéficier des puissantes locomotives G1206 adaptées aux conditions exigeantes de la ligne Aproport à Mâcon, comme la traction de trains de 900 tonnes sur une rampe de 23 ‰..
>>> Bahn Manager – Alpha Trains unterzeichnet langfristigen Leasingvertrag mit Aproport

Jan de Rijk Logistics doubles intermodal activity : ITJ | Transport Journal

Italie – TX Logistik renouvelle les certificats de sécurité en Suisse, en Autriche et en Italie – TX Logistik AG (TXL), filiale à 100% de Mercitalia (groupe FS), vient de renouveler ses certificats de sécurité dans les trois pays où il opère. Les certificats confirment que l’entreprise satisfait à toutes les exigences applicables pour une exploitation ferroviaire sûre en Europe. Ils sont valables pour 5 ans. TXL veut augmenter ses opérations sur l’axe suisse et est déjà aider par la construction de nouveaux terminaux dans le nord de l’Italie. Derrière TXL il y a donc le groupe FS qui opère ainsi à l’étranger via sa filiale, comme le font tous les grands groupes publics d’Europe.
>>> Ferrovie Info.it – Ferrovie: TX Logistik rinnova i certificati di sicurezza in Svizzera, Austria e Italia

Suède – Green Cargo achète 100 locomotives au roumain Softronic – Ce fut un peu une surprise en 2017 : Green Cargo, l’opérateur étatique de fret ferroviaire en Suède, incorporait dans sa flotte 8 machines du très peu connu constructeur roumain Softronic Craiova. « Les deux premières locomotives Transmontana Co-Co évaluées permettront de mettre en place une logistique plus efficace, en particulier pour les trafics plus lourds », justifiait à l’époque Jan Kilström, président de Green Cargo. À priori c’est concluant, puisque Green Cargo vient de signer pour 100 machines du même type. La valeur de cet accord est d’environ 300 millions d’euros. Cette locomotive fait partie du concept « Polar Circle » et peut résister à des températures jusqu’à – 50 degrés Celsius.
>>> Economica.net – Oltenii de la Softronic au primit o comandă de 100 de locomotive de la suedezii de la Green Cargo
>>> En savoir plus sur l’opérateur Green Cargo

Industrie & Recherche

Nouveau centre de recherche ferroviaire UKRRIN

Grande-Bretagne – Ouverture d’un centre de recherche spécialisée en ingénierie ferroviaire – Un centre de recherche ferroviaire nommé UKRRIN a ouvert à l’université de Birmingham. Ce Centre d’Excellence pour systèmes numériques est un exemple réussi de la manière dont l’industrie et le milieu universitaire peuvent collaborer. L’université et UKRRIN ont bénéficié de 16,4 millions de livres sterling de fonds de Research England. L’installation de 3000 mètres carrés se spécialisera dans le contrôle et la simulation ferroviaires, l’intégration de données, de la cybersécurité et de la surveillance et la détection des actifs. Il examinera également comment les nouvelles technologies peuvent être mieux introduites dans le système ferroviaire.
>>> Railway News – New Rail Research Centre Opens at Birmingham University

Technologies

Bombardier – Utilisation d’un scanner 3D pour des tests de géométrie – Bombardier Transportation, situé à Hennigsdorf en Allemagne, intègre dans ses trains des pièces et assemblages complets provenant de tiers. Sur certaines pièces livrées, comme les cabines toilettes fabriquées sur mesure, un test géométrique est réalisé pour déterminer d’éventuels écarts par rapport aux spécifications du cahier des charges. À cette fin, Bombardier a mandaté la firme Creaform Engineering avec un scanner manuel 3D de MetraSCAN 3D, pour évaluer l’utilisation de ce type d’appareil pour la vérification des cotes des nombreuses pièces fournies.
>>> Contrôles-Essais-Mesures.fr – Contrôler la qualité des pièces livrées par un fournisseur grâce aux technologies de scanner 3D Creaform

Prochaine livraison : le 17 novembre 2020

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Warsteiner Brauerei, la brasserie qui aime le train

Par Frédéric de Kemmeter – Signalisation ferroviaire et rédacteur freelance – Inscrivez-vous au blog
27/08/2020
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(Texte du même auteur, déjà paru en 2017 sur le blog Global Rail Network, et réactualisé)

Cette brasserie datant de…1753 brasse environ 2,25 millions d’hectolitres par an. Elle est située dans une cuvette à la lisière des belles forêts du parc naturel de l’Arnsberger Wald, à 70 kilomètres à l’Est de Dortmünd, en Allemagne. Sa taille impressionnante montre l’importance de cette entreprise qui fait travailler quelques 800 personnes au fin fond d’une vallée dans les environs de la petite ville de Warstein.

(Photo de Petra Klawikowski via Wikipedia CC BY-SA 3.0)

Le propriétaire Albert Cramer repéra qu’un potentiel significatif d’environ 200.000 tonnes par an pouvait être transféré par rail, permettant de soulager la ville de Warstein de quelque 15.000 voyages de camions (y compris les trajets à vide), signifiant aussi une réduction confortable du CO2, dès l’instant où on est voisin d’un parc naturel. Depuis le 5 avril 2005, la brasserie Warsteiner est reliée par une petite ligne de 4,3 kilomètres à la gare même de la ville. Au passage, la ligne dessert aussi une carrière qui utilise le rail pour ses expéditions, renforçant son activité et son attractivité.

Les fortes déclivités de cette « ligne de la bière » ont accouché, sur le site même de la brasserie, d’une solution originale. Un portique à conteneur a été installé sur un pont, qui enjambe un petit faisceau de réception des rames. Les rames doivent elles-mêmes évoluer sous le pont, seul point de chargement des conteneurs, alors qu’habituellement c’est le portique qui se déplace tout le long d’un train. La ligne et les installations sur site ont coûté près de 30 millions d’euros. Bien que des fonds furent apportés par le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie ainsi que par la ville de Warstein elle-même, le volume principal du financement a été porté par la brasserie elle-même.

C’est la société privée WLE (Westfälische Landeseisenbahn), un OFP local, qui s’occupe des prestations ferroviaires, du regroupement/dégroupement des rames et du transfert jusqu’à Warstein, puis, via Lippstadt, jusqu’à Neubeckum. En principe, trois trains hebdomadaires quittent la brasserie : deux destinés à Munich-Riem et le dernier pour Berlin. Complété en 2017 par un nouveau train multi-client vers Hambourg. Le terminal dispose d’une capacité d’extension l’amenant à transférer 400.000 tonnes, soit un total de 30.000 camions en moins, mais ce n’est pas encore à l’ordre du jour. Par ailleurs, le malt est importé également par train, mais par wagons trémie qui doivent retourner à vide. De même que les trains de conteneurs, ainsi que des camions – car il en reste –  reviennent à la brasserie…également à vide.

Du côté développement durable, l’entreprise a reçu en 2014 le premier prix du Global Reporting Initiative (GRI) pour son premier rapport de développement durable. « Cela nous rend très fier d’être la première entreprise dans le secteur de la brasserie allemande à répondre à ces exigences élevées en matière de développement durable », explique Peter Himmelsbach, directeur technique de la brasserie Warsteiner. Qui poursuit : « Grâce à notre rapport de développement durable, nous voulons donner l’exemple dans l’industrie alimentaire et des boissons qu’une gestion responsable des entreprises et une position significative sur le marché ne s’excluent pas mutuellement, mais peuvent utilement faire un ensemble ».

(photo Warsteiner Brauerei)

Fort de ce succès ferroviaire, un véhicule de manœuvre à batterie TeleTrac RW60AEM était réceptionné, remplaçant les lourdes DE ou G2000 fonctionnant au diesel. La batterie embarquée pèse 2,5 tonnes et fournit suffisamment d’énergie pendant plusieurs jours ouvrables. La charge de la batterie est effectuée via un câble à partir de n’importe quelle prise secteur 400V. C’est le constructeur Windhoff qui a livré cet engin particulier, qui peut déplacer jusqu’à 12 wagons porte-conteneurs chargés.

(photo Windhoff)
(photo Windhoff)

En 2017, la brasserie, qui vend dans 60 pays, constatait des flux contrastés selon les destinations, notamment une baisse vers l’Italie, qui pouvait compromettre le train de Munich. Avec des trains parfois moins remplis, il fallait trouver une solution pour rentabiliser davantage le terminal privé. Un contrat est passé avec le logisticien Fr. Meyer’s Sohn, une société de transport internationale familiale, dont les services englobent l’importation et l’exportation d’envois LCL (envois Less than Container Load, où les marchandises de plusieurs expéditeurs sont transportées dans un seul conteneur), les envois FCL (Full Container Load) ou les envois en vrac. Les trains deviennent alors multi-clients et le terminal est ouvert aux expéditeurs de la région.

En 2018, cette TRAXX AC3 187 010 de WLE en tête d’un « Warsteiner » du côté de Fulda (photo Manfred Steffen via flickr)

Ulrich Brendel, directeur technique de la brasserie Warsteiner, déclarait alors : « Avec nos partenaires, nous avons pu organiser une logistique de transport de marchandises orientée vers l’avenir et ainsi relier notre région au port de Hambourg à des conditions favorables, avec un haut niveau de service et un faible impact environnemental. Avec les liaisons ferroviaires déjà existantes Munich et Berlin, nous sommes ravis de la nouvelle destination portuaire, qui sert bien sûr également nos activités d’exportation de bière dans 60 pays du monde entier ».

(photo Warsteiner Brauerei)

Le train de Hambourg ne sert pas uniquement pour la brasserie. Il est complété par des conteneurs maritimes et des caisses mobiles d’autres expéditeurs en trafic combiné entre leur propre terminal Warsteiner KV et le terminal Eurogate du port de Hambourg. Westfälische Landes-Eisenbahn GmbH (WLE) est toujours responsable de la traction ainsi que de l’exploitation technique ferroviaire du train de conteneurs. La brasserie rentabilise ainsi un actif lourd et partage les frais ferroviaires.

Comment maintenir les petites lignes
La particularité de cet exemple tient aussi au fait que la petite ligne Lippstadt – Warstein (30,88 km) est ce qu’on appelle en Allemagne une « NE-Bahn », c’est à dire une infrastructure ferroviaire n’appartenant pas au gouvernement fédéral, autrement dit non-gérée par la Deutsche Bahn. À ce titre, ce sont les Länder qui prennent leur entretien en charge. En juin dernier, le « gouvernement » de Rhénanie du Nord-Westphalie a mis sur la table 2 millions d’euros à répartir dans sept entreprises de transport, de logistique et de chemin de fer. Cet argent provient du programme du Land visant à maintenir et à améliorer l’infrastructure ferroviaire des chemins de fer publics « non fédéraux » pour le transport de marchandises. Une partie de cet argent ira donc à l’opérateur WLE qui se chargera de remplacer les rails et les traverses entre Lippstadt et Warstein, pérennisant ainsi les trafics de la brasserie.

Cet exemple, où plusieurs acteurs se rassemblent, démontre qu’il est parfaitement possible de créer des conditions de transfert route-rail, moyennant un environnement politique accueillant et une bonne complicité entre le privé et le public.

>>> voir l’album photos

Train entier de conteneurs… (photo Warsteiner Brauerei)

27/08/2020 – Par Frédéric de Kemmeter – Signalisation ferroviaire et rédacteur freelance
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Flux en hausse entre l’Autriche et la Chine

En dépit de la crise de coronavirus, les trafics de trains entre l’Autriche et la Chine sont à la hausse. Le faible nombre de nouvelles infections en Chine permet d’entrevoir une lueur d’espoir pour les flux de marchandises à destination et en provenance de la Chine. Les premières étapes de la levée des restrictions imposées à la population et à l’industrie permettent aux entreprises de reprendre la production industrielle et, par conséquent, les livraisons vers l’Europe peuvent s’accélérer. Tout cela sur fond de crise du transport maritime intercontinental et de probable recomposition des circuits logistiques pour l’après-coronavirus.

>>> À lire : Comment le fret ferroviaire peut revenir après le Covid19

Depuis plusieurs années, les ÖBB, qui sont un chemin de fer de taille moyenne en Europe, font une offensive tous azimuts pour devenir un acteur central de l’Europe de l’Est. Rail Cargo Austria a racheté les restes de son voisin hongrois en 2008 et reconstitue ainsi un mini empire ferroviaire entre l’Italie, les pays de l’Est et la Baltique. L’Autriche, qui n’a aucune connexion avec la mer, devient une plaque tournante du transport de fret ferroviaire. Mais les autrichiens ne se contentent pas de l’Europe.

Rail Cargo Austria a créé son réseau TransFER Eurasia qui propose trois routes vers la Chine. La première concerne une liaison entre l’Italie et Chengdu, qui passe par Vienne.

Le premier train intermodal arriva à Vienne en 2018 en provenance de Chengdu, après un voyage de 9.800 km couvert en 14 jours, via le Kazakhstan, la Russie et la Pologne. Après un court arrêt au Terminal Vienne Sud (Wien Süd), le même train poursit sa route jusqu’à Milan. L’arrêt au Terminal de Vienne Sud (Wien Süd) permet de dispatcher les marchandises vers l’Allemagne, la Hongrie, la Slovénie, la Roumanie, la Turquie et l’Autriche.

Deux autres routes sont opérées depuis la Hongrie. RCA offre des services intermodaux entre la Chine et la Hongrie via la Pologne, la Russie et le Kazakhstan et un nouvel itinéraire par l’Ukraine, pour rejoindre Jinan, créant ainsi un itinéraire alternatif attrayant avec un temps de transit imbattable de 12 à 14 jours.

Il faut évidemment bien comprendre de quoi il s’agit. En réalité, RCA, comme beaucoup d’autres opérateurs ferroviaires européens, rejoignent la gare frontière de Małaszewicze, en Pologne. La différence d’écartement entre l’Europe et la Russie oblige à changer de train : les conteneurs sont transférés sur un train à écartement russe, opéré par un opérateur lui-même russe. Cela a eu l’avantage de mettre les polonais de PKP Cargo au cœur du système.

Le train russe n’ira jamais en Chine car les conteneurs seront une fois de plus transférés sur un train chinois à la frontière avec le Kazakhstan, la Chine ayant le même écartement que l’Europe. Vous n’avez rien compris ? Alors voyez plutôt ici pour les détails :

>>> À lire : Il n’y a pas de trains directs vers la Chine

Les liaisons Europe-Chine sont donc un vaste puzzle d’entreprises opérationnelles et de logisticiens qui s’occupent de tous les détails pratiques. Cela permet à RCA, et à d’autres opérateurs, d’offrir un service complet. Mais ils ne font jamais cela seuls…

La crise du Coronavirus qui a éclaté en décembre en Chine, à partir de la ville de Wuan, a ralenti ce trafic ferroviaire mais ne l’a jamais arrêté. Et les affaires reprennent dès à présent alors que l’Europe est à peine en phase de déconfinement. C’est le message de RCA qui tente de reprendre le leadership en Europe centrale. « Avec le redémarrage de la production chinoise, les transports de Rail Cargo Austria sont prêts à assurer l’approvisionnement à l’importation et à l’exportation. Le 27 avril, le premier train de notre nouvelle connexion TransFER depuis Jinan est arrivé à Budapest. Entre autres choses, le train fournit des équipements de protection de santé dont nous avons un besoin urgent, tels que des masques, des gants et des lingettes désinfectantes », explique Andreas Matthä, PDG d’ÖBB.

Mais pour de nombreuses entreprises, le moment est venu de revoir ou de créer une stratégie qui soutienne une stratégie globale à long terme de la chaîne d’approvisionnement. Beaucoup diversifient leurs sources d’approvisionnement en composants ou en produits finis afin d’être moins dépendantes de la production chinoise. La plupart des secteurs ressentent déjà les effets de cette évolution, notamment les produits pharmaceutiques, pour lesquels la Chine fournit de nombreux produits pour fabrication de médicaments, et l’industrie de la mode, où la production est au point mort. La disponibilité des marchandises pour le marché de Noël 2020 suscite déjà des inquiétudes.

Bien sûr, il faut du temps pour retravailler la logistique et les voies de transport, et mettre en place d’autres capacités d’exécution pour s’adapter aux changements. Il est évidemment trop tôt pour savoir quel impact l’après-coronavirus aura sur le trafic de RCA avec la Chine. Ni quelles restrictions de mouvement seront déployées par les États traversés. Les acteurs ferroviaires se présentent tous comme une alternative à la voie maritime et espèrent consolider ce trafic ferroviaire intercontinental. Mais comme nous l’avons déjà expliquer, ce sont les flux logistiques décidés par les clients qui détermineront le nombre de trains qu’il y aura à l’avenir à Małaszewicze…

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Transfert route-rail, camions longs, la Suède veut être climatiquement neutre avant 2045

Terminal d’Elkistuna, près de Stockholm (photo Terminal Elkistuna)

L’administration suédoise des transports a été chargée par le gouvernement de promouvoir de meilleures conditions pour le transport de marchandises par chemin de fer et par bateau. Une feuille de route pour le transfert de marchandises doit être élaborée et les connaissances sur le transport intermodal doivent être améliorées.

En septembre 2015, l’Assemblée générale des Nations Unies avait adopté l’Agenda 2030 et 17 objectifs mondiaux pour le développement durable. Les objectifs concernaient, entre autres, les systèmes de transport durables, l’industrie durable, les innovations et les infrastructures. L’ordre du jour et les objectifs doivent maintenant être mis en œuvre aux niveaux national, estime-t-on en Suède.

La Suède dispose ainsi d’une loi sur le climat et d’un objectif climatique transfrontalier visant à être climatiquement neutre avant 2045. Quel que soit la coalition en place, la Suède aura pour tâche de mettre en œuvre une politique visant à atteindre ces objectifs adopté par l’ONU. La politique climatique a dès lors changé de caractère, estime-t-on là-bas. D’un problème purement environnemental, le climat constitue dorénavant un élément central de la politique commerciale et d’exportation de la Suède. Les émissions industrielles devraient être réduites à près de zéro dans le pays. La feuille de route industrielle pour une Suède sans ressources fossiles montrent que la politique climatique ne consiste plus à se concentrer sur des mesures rentables à court terme, mais à développer un secteur d’entreprises suédoises innovantes et compétitives.

Les questions de transport de marchandises revêtent une grande importance ayant plusieurs objectifs politiques, peut-on lire dans un rapport. Le secteur du transport de marchandises emploie environ 75.000 personnes en Suède dans plus de 15.000 entreprises, ce qui représente plus de 166 milliards de couronnes suédoises par an. Le pays ne fait pas dans l’apartheid non plus. La stratégie de neutralité carbone concernera « tous les types de trafic, à savoir le trafic ferroviaire, le trafic routier, la navigation (y compris la navigation intérieure) et l’aviation, dans tout le pays, ainsi que [le trafic] transfrontalier. »

C’est dans ce cadre que le pays s’est doté d’une stratégie de transport de marchandises. Le transport de marchandises devrait augmenter de 50% d’ici 2030, et le futur ne signifie pas la fin de l’économie. On peut ainsi lire chez le ‘coordinateur national d’une Suède sans fossiles’ que « le rôle de l’État dans la lutte contre le changement climatique consiste principalement à réduire les risques financiers pour les entreprises, afin qu’elles osent investir dans des solutions intelligentes face au climat. » Ce qui confirme que ce pays à l’avant-garde, patrie d’une certaine Greta, on tourne fermement le dos aux délires de la décroissance.

Cette croissance du transport de marchandises se fera :

  • par barges,
  • par bateau,
  • par rail, mais aussi…
  • par camion électriques, ce qui élimine l’usage des combustibles fossiles.

Ce dernier point peut paraître surprenant mais il y a bien une politique en ce sens, ce qui démontre le côté innovant de ce pays excentré de l’Europe.

La Suède, dit le rapport, s’emploie à rendre le cadre réglementaire du réseau de transport transeuropéen (RTE-T) de l’UE plus axé sur la connectivité et les solutions climato-intelligentes. Un montant de 8 milliards de couronnes suédoises pour la période 2018-2029, ira à la recherche et à l’innovation pour tous les types de trafic. La compétitivité des secteurs ferroviaires et maritimes doit être accrue, avec notamment un soutien au transbordement entre la route et le rail et/ou le transport maritime côtier, la Suède étant une nation maritime importante pour ce qu’on appelle en maritime le « short sea ».

Récemment, des initiatives mises en avant pour un transfert de la route vers le rail ont été proposées par le gouvernement en place, mais le succès de sa mise en œuvre dépend de la responsabilité de tous les acteurs impliqués avec la poursuite du dialogue, de l’échange de connaissances et de la collaboration entre divers partenaires. L’augmentation de l’efficacité des transports présente un grand potentiel, notamment grâce à la coordination des transports pour accroître la capacité de remplissage, diminuer les transports à vide et rationaliser les itinéraires.

Dans la partie ferroviaire du plan stratégique, les terminaux intermodaux rail-route et la mise en oeuvre des convois de 750m tient une bonne place. Il est prévu à plus long terme des trains de fret de 1.000m. L’administration envisage aussi de porter la charge maximale à l’essieu admissible à 25 tonnes sur tout le réseau, et même à 32,5 tonnes sur la ligne de minerais Kiruna-Narvik.

On n’abandonne pas le secteur routier
Le gouvernement estime que chaque type de trafic devrait être utilisé au mieux et ne fait donc pas la chasse au secteur routier. Le rapport du ‘coordinateur national d’une Suède sans fossiles’ explique aussi que « l’électrification rapide des transports est une condition préalable importante pour atteindre l’objectif climatique. » Il parle ici des véhicules automobiles dont le parc électrique devrait s’agrandir. Cependant, « l’Agence suédoise de l’énergie doit mettre en œuvre une stratégie d’électrification du trafic automobile et dresser un inventaire des besoins de renforcement du réseau électrique pour faire face à cette électrification du secteur automobile. »

Les routes électriques offrent une solution pour réduire considérablement les émissions du transport routier. Le gouvernement suédois compte s’employer à faire en sorte que les routes électriques fassent partie du système de transport suédois et, partant, de l’exposition universelle permanente que le gouvernement a pour ambition de faire de ce système de transport. La prochaine étape consiste à réaliser un projet pilote dans lequel la route électrique est testée et évaluée sur une plus longue distance. Des projets de démonstration sont en cours le long de l’autoroute E16 en dehors de Sandviken près de l’aéroport d’Arlanda.

Dans un autre style, les suédois se sont lancés dans les ‘trains de camions’ dont un seul permet aux autres de suivre. Le gouvernement veut permettre des véhicules plus longs et plus lourds sur ses routes, en autorisant par exemple les méga-combi, ceux-là même qui créent une forte polémique dans le reste de l’Europe. Des camions lourds de 74 tonnes peuvent rationaliser le transport de fret à destination et en provenance des points de transbordement dans les ports et les terminaux ferroviaires. Les politiques tiennent en effet à préciser que si le réseau routier doit être adapté pour les véhicules plus longs et plus lourds, il faut que ce soit socialement justifié sur le plan économique et que la priorité soit donnée aux itinéraires reliant des ports ou des terminaux intermodaux.

On ne doute pas un seul instant que ce plan stratégique fera l’objet de débats politiques. Les milieux intéressés, notamment le secteur automobile, restent dubitatifs sur ‘l’électrification‘ du parc routier d’ici 2030-2035, que ce soit par batteries ou par caténaire de type ferroviaire.

Il n’en reste pas moins que la Suède montre l’exemple, élabore des plans et fait passer des lois. Elle protège sa nature mais aussi son économie, ce qui est un gage pour le futur des petits suédois. C’est toujours mieux que de constater l’inertie qui règne ailleurs, dans d’autres États membres que nous ne citerons pas pour ne choquer personne…

Italie : des camions sur ligne à grande vitesse !

Le site de Nola : pas vraiment un nain, et bien raccordé au réseau ferré… (Photo Interporto Nola)

Pendant qu’ailleurs on pleure un vieux train de primeurs, un privé lance des trains intermodaux sur LGV. Interporto Servizi Cargo a annoncé le lancement des premières connexions P400 pour semi-remorques sur la ligne à grande vitesse reliant Pomezia (Rome) à Vérone, Novara et Melzo à partir de l’automne.

Qui est Interporto Servizi Cargo (ISC) ? Il s’agit d’une compagnie ferroviaire italienne contrôlée par Interporto Campano, à Naples, et qui opère des services ferroviaires en synergie avec Nuovo Intermodale Operator (anciennement ISC Intermodal), opérateur intermodal appartenant au même groupe. Fondée à Nola en 2009, elle opère dans un système économique s’élargissant à toute l’Italie. C’est un peu comme si Perpignan-St Charles ou Rungis fondaient leur propre compagnie de fret ferroviaire pour opérer à travers toute la France…

Rien de mieux que d’avoir sa propre compagnie ferroviaire pour booster ses propres affaires…

Pour la première fois en Italie, les trains de fret intermodaux commenceront à circuler sur la ligne à grande vitesse. Cela a été annoncé par l’opérateur privé Interporto Servizi Cargo, qui a annoncé que le service entre Vérone Quadrante Europa et Pomezia commencerait début octobre. Le mois suivant, le 1er novembre, sera le tour de celui entre Novara et Pomezia et le 7 janvier 2020, ce sera le cas pour les trains en provenance de Melzo (Milan).

La nouvelle la plus importante est que les trains circuleront de nuit sur les lignes à grande vitesse et circuleront à une vitesse de 120 km / h, afin de permettre la circulation de wagons de gabarit P400, adaptés au transport de semi-remorques et aux conteneurs high cube. Il est vrai que les pentes n’excèdent pas les 15‰, ce qui explique cette possibilité, notamment sur la ligne à grande vitesse Bologne-Florence, dotée par ailleurs de rayon de courbure de 5.440m. Le système de signalisation sur la même ligne est l’ETCS niveau 2. Le profil de la ligne avait été d’emblée conçu pour intégrer des trains classiques, ce qui explique d’ailleurs aussi son coût, faramineux.

« Le P400 est pour l’instant pratiquement impossible en Italie, malgré que le réseau ferroviaire italien fasse de gros efforts pour adapter la majeure partie de son réseau classique aux normes européennes P400, mais ISC sera le premier à se lancer sur ce marché qui, selon des études, estime à 700 le nombre de véhicules circulant par jour en direction de Milan et de Rome et autant entre Vérone et Rome », explique Francesco Pagni, directeur opérationnel d’Interporto Servizi Cargo. « Nos objectifs sont de tripler les performances de production et d’augmenter l’emploi et le personnel technique. À cet égard, il faut mentionner que nous sommes la première compagnie de chemin de fer à former nos propres conducteurs, qui devront conduire les nouvelles locomotives polytension spécialement louées pour circuler sur des lignes à grande vitesse. En tout état de cause, il s’agit du projet le plus novateur concernant le système ferroviaire de notre pays, un projet qui présente une valeur environnementale, sociale et professionnelle, ainsi que des possibilités de développement d’une chaîne logistique moderne et multimodale », renchérit Pagni, rappelant que ce projet avait été conçu par le fondateur de l’entreprise, Giuseppe Sciarrone, celui-là même qui participa à l’aventure NTV-Italo.

Francesco Pagni se garde pourtant de mentionner que l’entreprise publique Mercitalia a lancé un service encore plus novateur, le Mercitalia Fast, qui est un ETR 500 configuré en Cargo et qui circule sur ligne à grande vitesse entre Naples et Bologne depuis novembre dernier.

Interporto Servizi Cargo dispose pour le moment des BR189 de Siemens, classées ES 64 F4 :

Une des BR189 Siemens du parc actuel de ISC (photo Thomas Naas via license flickr)

Mais cette flotte sera renforcée par dix locomotives TRAXX MS3 louée auprès du français Akiem, avec une option pour 6 autres machines. Bombardier Service Italy assurera le service de maintenance. Pour être au plus près, ces opérations de maintenance seront effectuées sur le site même du client à Nola (près de Naples), plutôt que dans un atelier lointain et encombré, dans le but de réduire les coûts et d’assurer une disponibilité maximale.

Les TRAXX MS3 sont des machines multi-systèmes qui peuvent rouler sous les tensions continues 3 kV, ainsi qu’alternatives 15 kV et 25 kV, nécessaires pour rouler sur le réseau LGV entre Bologne et Florence. Elles seront semblables à celles déjà présentes en Italie chez d’autres opérateurs privés.

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Un exemple de TRAXX MS3 qui intégrera le parc de Interporto Servizi Cargo (photo d’illustration via wikipedia)

Côté matériel roulant, le parc se compose de 105 wagons C56 T3000e de dernière génération permettant un P410, soit le transport de tous les types de semi-remorques.

>>> Voir davantage de détails sur ce wagon à ce lien (en italien)

Le service envisagé comporterait sept relations par semaine entre Segrate, Pomezia et Nola, 5 entre Vérone, Bologne et Nola et 3 entre Vérone et Giovinazzo. « L’objectif est d’enlever 50.000 semi-remorques par an des routes, un objectif ambitieux mais qui, s’il est couronné de succès, déterminera un véritable tournant dans le système de transport de notre pays », a conclu le directeur des opérations de Cargo Services.

Des trains de fret circulant sur ligne nouvelle à grande vitesse, ce n’est cependant pas nouveau en Europe. Les trains de fret circulent depuis toujours sur certaines LGV allemandes depuis leur mise en service en 1992. Plus récemment, des trains intermodaux circulent sur la HS1 britannique, entre Londres et le tunnel sous la Manche.

Le monde avance pendant que d’autres s’interrogent sans cesse. Nous avons ici un bel exemple de revitalisation ferroviaire, le passage de la théorie à l’action. C’est de cette manière que nous aimons le train…